Après l’accueil du public par Maitre CHIFFLOT, Présidente de la Commission AFRIQUE/OHADA du barreau, la parole est donnée à Stéphanie KWEMO, Docteur en droit et Avocate au Barreau de Paris. Elle est par ailleurs auteure d’une thèse de doctorat sur le thème : « L’OHADA et le secteur informel : l’exemple du Cameroun ».
L’Avocate a commencé par rappeler les objectifs de l’OHADA à savoir la sécurisation juridique et judiciaire des affaires, ainsi que les moyens mises en œuvre pour les atteindre. Stéphanie KWEMO
a ensuite procédé à une définition de la notion de secteur informel.
Elle y voit l’ensemble des activités économiques exercées et inconnues
de l’Etat. Il est constitué par des personnes travaillant généralement
pour leur compte propre. Ce secteur est caractérisé par la facilité
d’accès, des activités à petite échelle, l’exploitation de propriétés
familiales etc. les opérateurs de ce secteur ont par ailleurs acquis des
qualifications en dehors du système scolaire. Le secteur informel
représente en moyenne 75% des emplois, 80% des créations d’emplois et
90% de la richesse nationale des Etats de l’Espace OHADA.
L’intervenant a par la suite montré que l’OHADA se
veut être un outil de normalisation du secteur informel, l’objectif
étant à terme de favoriser la mutation des opérateurs du secteur
informel vers le secteur formel. Les Actes Uniformes récemment révisés
poursuivent un tel objectif. L’introduction du statut de l’entreprenant
lors de la révision de l’Acte Uniforme sur le droit commercial général
va dans ce sens. Seule une simple formalité de déclaration est exigée
avec des obligations comptables allégées et l’entreprenant bénéficie du
bail à usage professionnel. L’Acte Uniforme révisé sur les sûretés lui a
même ouvert la possibilité d’accéder au crédit. Toutefois
l’entreprenant n’a pas droit à la reconduction tacite du bail
professionnel, ni à son renouvellement. Stéphanie KWEMO déplore
même l’absence d’un système de protection du patrimoine personnel de
l’entreprenant. En effet le dispositif ne reconnait pas le patrimoine
d’affectation à l’image de l’EIRL français. L’exposante a également
déploré le formalisme excessif et couteux que nécessite la mise en place
du statut d’entreprenant.
Elle a fini par rappeler qu’outre le statut d’entreprenant, le droit de l’OHADA
offrait également un certain nombre de mécanismes adaptées aux
opérateurs du secteur informel notamment la Société coopérative, la
société en commandite simple (SNC) ou encore la société à responsabilité
limitée (SARL).
Avant de conclure son propos, Stéphanie KWEMO a fait le constat que le droit OHADA
est beaucoup plus adapté pour attirer les investissements étrangers.
Elle a souligné alors la nécessité pour le législateur africain de
désormais prendre véritablement en compte ce secteur qui constitue
l'essentiel de l'économie des Etats membres de l’OHADA.
SYLLA Youssouf
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